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Les combattants de Mars (Edgar Rice Burroughs) - Résumé et Analyse

Type : Roman,
Auteur : Edgar Rice Burroughs,
Date de parution : 1912,

Série : Cycle de Mars,
EmpireSF : ,
Internautes : ,

Le roman de Edgar Rice Burroughs Les Conquérants de Mars initie le Cycle de Mars (Cycle of Barsoom en anglais). Cette histoire de science-fiction fut publiée pour la première fois sous le titre Under the Moon of Mars dans le pulp All-Stories de février à juillet 1912 (sous le pseudonyme Norman Bean). Ce format d'édition a fortement impacté la structure du récit : rebondissements multiples, suspense à chaque fin de chapitre, phrases brèves... Il se dégage cependant de ce roman une atmosphère et une poésie qui le placent bien au dessus de la production pléthorique et médiocre de l'époque. En fermant le livre, lecteur aura des rêves plein la tête et un seul désir : lire la suite le plus rapidement possible...

Le roman fut publié à nouveau en 1917 sous son titre définitif Princess of Mars. Il connut, de même que les suivants, un vif succès. A tel point que Le Cycle de Mars a été classé deuxième en 1966, à l'occasion du Prix Hugo de la « Meilleure série de tous les temps » (Best All-Time-Series), juste après le cycle Fondation d'Isaac Asimov.

Résumé

Peinture de D'achille pour illustrer Les combattants de Mars

Peinture de D'achille pour illustrer Les combattants de Mars

Le récit débute dans l’ouest des Etats-Unis, juste après la guerre de Sécession. Carter, un officier de l’armée sudiste va chercher fortune avec un de ses compagnons dans les montagnes aurifères jusqu’au jour où leur campement est attaqué par des indiens. L’ami de Carter est tué et ce dernier parvient difficilement à s’échapper en se réfugiant dans une caverne. Mais là, il est bientôt paralysé par un gaz mystérieux. Incapable de remuer le petit doigt, Carter est alors stupéfait de se retrouver, tel un fantôme, désincarné. Il peut contempler son corps étendu sans mouvement. Levant les yeux vers le ciel, il entrevoit la planète rouge, Mars, se sent irrésistiblement attiré vers elle, et perd connaissance.

Il se réveille sur la planète rouge, nu et son corps semble bien constitué de chair et de sang. Une conclusion, très vite, s’impose : pour une raison inconnue, il a traversé l’espace pour venir sur Mars. Après quelques instants, il se rend compte que, du fait de la gravité réduite, il est capable de bien des exploits avec ses muscles dimensionnés pour la vie terrestre. Il peut sauter à des distances prodigieuses, possède une force musculaire impressionnante et une grande agilité. Ces capacités surhumaines vont lui être rapidement utiles car, alors qu’il s’aventure près d’un incubateur où les œufs commence à éclore, il est attaqué par des Tharks, des géants à la peau verte, possédant quatre bras, et un tempérament violent et agressif. Ces derniers impressionnés par la démonstration de force de Carter, décide de le faire prisonnier.

Comme alors pour Carter le dur apprentissage de la vie martienne. Il constate en effet que les Tharks ne vivent que pour se battre et ne respectent rien d’autre que la force et la brutalité. Quoique officiellement prisonnier, Carter gagne très vite le respect des Tharks par ses exploits physiques et s’élève progressivement dans la hiérarchie de la horde. Il ne s’habituera jamais cependant à la violence gratuite et à la cruauté de ses pairs et, lorsque ces derniers capturent une belle femme humaine à la peau rouge, Carter ne cherche plus qu’un chose : la sauver. Dejah Thoris, princesse d’Helium, est l’héritière du plus grands royaume des hommes rouges, une autre race vivant sur Mars et avec laquelle les Tharks sont en guerre perpétuelle depuis la nuit des temps.

S’ensuit de nombreux rebondissements et batailles desquelles Carter, amoureux de la belle princesse, sort toujours victorieux. A force de bravoure, et grâce aux amitiés forgées tant avec certains hommes rouges qu’avec certains Tharks, Carter triomphera des divisions séculaires pour instaurer la paix sur Mars.

L'avis d'EmpireSF :

La lecture desConquérants de Mars est d'une fluidité surprenante. La raison en est simple : publié par épisodes dans un magazine (un "pulp" comme il en existait des dizaines), le roman a pris la forme très caractéristique de ce format d'édition. Des chapitres courts, ménageant à leur fin un suspense incitant le lecteur à lire la suite (et donc à acheter le magazine d'après) et un grand nombre de rebondissements, pas tous très heureux. Tout à fait conscient de la qualité générale très médiocre de ce genre de publication, Burroughs préféra publier Les Conquérants de Mars sous le pseudonyme de Norman Bean (il souhaitait Normal Bean mais le correcteur, croyant à une erreur à mis Norman) . Il n'avait pourtant pas à rougir de son oeuvre, dont les qualités intrinsèques transcendaient largement les "contraintes" du format d'édition pour en tirer le meilleur parti.

La description de Mars : originale et crédible

La première des qualités de ce roman reste la créativité et l'inventivité de son auteur. Se basant sur les dernières découvertes de son époque, Burroughs crée un monde d'une richesse et d'une complexité incroyable. Dès la fin du 19è siècle, l'astronome Percival Lowell défendit avec vigueur l'existence de canaux sur Mars. Ces canaux, rectilignes, semblaient former un réseau d'irrigation et laisser à penser qu'une vie intelligente existait sur la quatrième planète du système solaire. En 1905, Lowell réussit même à photographier ces fameux canaux, qui déclenchèrent une polémique et s'avérèrent n'être qu'une illusion d'optique.

Laissant son imagination travailler autour des querelles scientifiques, Edgar R. Burroughs invente une planète qui n'est plus que l'ombre d'elle même. Mars, autrefois habitée par une végétation luxuriante, est à l'agonie (ici s'arrête l'analogie avec le roman de Wells, la guerre des mondes de 1897) . Les différentes civilisations qui l'habitent sont retombées dans la décadence et se livrent une guerre quasi-continuelle. La violence règne en maître sur la planète où la loi du plus fort est la seule reconnue. Seule la volonté de l'une d'entre elle, les hommes rouges, ont permis à tous de survivre, grâce aux canaux d'irrigation et à la fabrication d'une atmosphère artificielle. Les conflits entre les races et la lutte pour la survie de la planète forment un contexte très riche qui permet de donner au récit une certaine profondeur et une certaine crédibilité.

Plus anecdotique, l'utilisation du radium comme source d'énergie quasi unique sur Mars est basée sur les premières découvertes sur la radioactivité et reflète assez bien les espoirs que l'on plaçait en elle à l'époque. Mais l'imagination de l'auteur va bien au delà de l'extrapolation des découvertes de son temps. L'évocation de civilisations très évoluées puis disparues, l'utilisation de la télépathie sont des thèmes qui seront repris dans de nombreux ouvrages de science-fiction.

L'exaltation des valeurs morales

Deuxième point à souligner dans cette oeuvre, l'exaltation des valeurs morales traditionnelles comme l'amitié, l'amour, le courage ou la fidélité. Au travers de ses personnages Burroughs récompense systématiquement les bonnes volontés. Ainsi Carter, un homme fougueux, généreux et fidèle représente l'archétype du héros. Grâce à la motivation de l'amour et au soutien de ses amis, il triomphera des pires difficultés. Les civilisations décadentes de Mars retrouveront l'espoir grâce à l'union des bonnes volontés de chacun.

Ni la ruse, ni la force, ni la méchanceté (incarnée par Sarkoja, une méchante vraiment caricaturale) ne peuvent briser l'élan des hommes bons. Cet aspect de l'oeuvre de Burroughs n'est pas sans rappeler Jules Verne qui suivait aussi ce même schéma (Michel Strogoff en est un bon exemple).

La critique virulente, de l'effondrement de la famille traditionnelle vient renforcer cette thèse. Les Tharks, qui pratiquent depuis des générations la sélection de leur progéniture, sont devenus violents et ignorent tout sentiment dit humain. Carter (et c'est Burroughs qui parle par sa bouche) l'explique par le fait que les enfants ignorent qui sont leur parent les privent de toute affection et annihilent en eux toute empathie.

En conclusion, on a le sentiment qu'Edgar Rice Burroughs a pris un réel plaisir a écrire ce roman. Les Conquérants de Mars est un roman facile à lire mais qui sous sa naïveté apparente recèle bien des richesses. Soutenu par une écriture quasi-cinématographique, le récit semble toujours échapper au lecteur qui pour le suivre n'a plus qu'une option : lire la suite.

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