L'aviateur Filmer (H.G. Wells) - Résumé et Analyse
Dans L'aviateur Filmer (titre original : Filmer), H.G Wells anticipe de deux ans le vol des frères Wright. En cette période fertile en inventions d'aéronefs, Wells nous livre sa vision des choses en mettant en scène un anti-héros dépourvu de tout charisme.
Cette nouvelle est parue pour la première fois dans la revue Graphic en décembre 1901. Elle fut ensuite reprise dans le recueil Twelve Stories and a Dream.
Résumé

Le vol des frères Wright en 1903
Contée à la manière d'un historien compilant ses sources, l'histoire est celle de Filmer, scientifique sans envergure, qui met au point une machine révolutionnaire permettant d'accomplir un des plus vieux rêves de l'Humanité : voler.
Après avoir fait des études scientifiques assez quelconques, Filmer, jeune homme pâle, timide et malingre, s'engage comme contremaître dans une usine de caoutchouc afin de gagner l'argent nécessaire à la réalisation de son idée fixe. Il a en effet conçu dans le plus grand secret une machine volante mêlant à la fois les avantages du plus lourd et du plus léger que l'air. En gonflant et dégonflant à volonté des ballons, il obtient un appareil capable de manoeuvrer à loisir dans les airs.
Suite à une démonstration réussie d'un appareil de taille réduite, Filmer obtient le financement du propriétaire d'un grand journal pour poursuivre ses recherches, ainsi qu'une gloire éphémère dont il fait peu de cas. Il réalisera finalement ce qui était son objectif : un avion capable d'emporter un passager à son bord. Poussé par tous - et surtout par Lady Mary, dont il est secrètement amoureux - à en faire la démonstration, Filmer ne peut s'y résoudre. Il est en effet pris d'une peur panique à l'idée de voler. Il trouve finalement ce qui lui semble la seule issue pour échapper à ce dilemme en ce suicidant d'un coup de fusil.
L'avis d'EmpireSF : 

Cette nouvelle de Wells est intéressante à deux niveaux : celui du regard de Wells sur l'aviation naissante et celui du style, incarné par Filmer, figure parfaite de l'anti-héros.
Wells n'a pas su anticiper la victoire du "plus lourd que l'air"
Publiée en 1901, L'aviateur Filmer est écrit à l'époque des balbutiements de l'aviation. La nouvelle est en effet publiée 4 ans après le vol de Clément Adler (réalisé en 1897 et terminé par un crash) et deux avant celui des frères Wright (en 1903, considéré comme le premier vol réussi), deux vols qui donnent le coup d'envoi du développement du "plus lourd que l'air". Avant cette époque les cieux étaient en effet dominés depuis la fin du XVIIIè siècle (et les frères Montgolfier) par les aérostats : les "plus légers que l'air".Les rivalités entre les partisans du "plus lourd" et du "plus léger" sont à la fin du XIXè siècle alors à leur paroxysme, chacun défendant les avantages de sa conception : pouvoir lutter contre le vent pour le premier et autonomie pour le second. Wells réussit l'exploit de satisfaire les deux camps en proposant dans sa nouvelle un appareil alternativement plus léger et plus lourd que l'air. Cette vision, séduisante sur le papier, est hélas bien loin de la réalité que nous connaissons où le "plus lourd que l'air" a triomphé. Wells, on peut le dire, s'est ici complètement fourvoyé.
Wells remet le couvert en 1908, avec La guerre dans les airs, roman où les deux types d'appareils - plus lourds et plus légers que l'air - s'affrontent. Mais là encore on peut dire que si Wells a saisi l'importance de l'aviation dans la civilisation moderne, il n'a pas su anticiper la domination sans partage du "plus lourd que l'air". Jules Verne, le rival, avait lui très bien anticipé cette évolution avec Robur le Conquérant publié en 1886. Ce dernier roman met en scène un aéronef plus lourd que l'air propulsé par des hélices et pulvérisant les performances des meilleurs aérostats.
Filmer : la figure de l'anti-héros
Wells a fait du plus grand inventeur de l'Humanité moderne, de celui qui a permis l'accomplissement du plus vieux rêve de l'Humanité - voler -, un petit homme sans envergure, pas très sympathique voire mesquin. Ce parti pris, allié au mode de narration très distant adopté par l'auteur, donne à ce personnage un relief particulier. Lorsqu'il refuse de monter dans son avion, il révèle toute sa lâcheté. Il devient alors l'anti-héros par excellence.L'avis des internautes
Aucun internaute n'a encore laissé son avis. Laissez le vôtre !